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anima persa
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10 février 2007

DIS-MOI QUI ECRIT POUR TOI…

… et je te dirai quel candidat tu es. Selon le Canard Enchaîné, la "plume" de Ségolène Royal, Sophie Bouchet-Petersen, a rangé ses stylos, à bout de souffle après plus d'une année de "Désirs d'Avenir". Ceci repose la question du discours politique. Est-ce la pensée du candidat qui s'exprime ou celle de son speech-writer ? Petit tour d'horizon des "nègres" de la campagne.

A tout seigneur, tout honneur. Jean-Louis Bianco a fait appel à Erik Orsenna, son ancien compagnon à l'Elysée dans l'équipe Mitterrand des grandes années. Orsenna a rejoint l'équipe à la mi-janvier pour découvrir qu'il n'existait aucune ébauche du discours essentiel du 11 février ! Quelles seront les idées exprimées ce jour-là ? Celles d'Orsenna, de Vincent Peillon, de Benjamin Stora ou de Ségolène Royal ? Jusque là, on croyait que ce serait les idées des citoyens, recueillies précieusement lors des "débats citoyens" et synthétisées par la candidate socialiste. Quelles que soient les qualités littéraires et l'intelligence de l'écrivain-académicien-voyageur, ce choix de dernière minute indique un net affolement de la part du camp de la candidate socialiste.

Comme un signe, la fidèle Sophie, conseillère de Ségolène Royal depuis le Ministère de l'Enseignement Scolaire, devenue la première conseillère des débuts de campagne, en décembre 2005, se retrouve mise à l'écart, vidée par une campagne trop longue. Celle dont les médias nous vantaient l'engagement féministe et les rares qualités intellectuelles a échoué. L'Histoire nous dira-t-elle un jour qui, de Ségolène Royal ou sa conseillère, a imaginé le concept des "débats participatifs" ?

Et voici qu'arrive l'échéance du 11 février, attendue comme l'apparition de la Vierge à Bernadette Soubirous (le 11 février 1858!), et la synthèse des débats. Erik Orsenna a-t-il au moins assisté à l'une de ces réunions citoyennes ? Ou, du moins, a-t-il participé à l'écriture du programme du Parti Socialiste ? C'est moins que probable. L'année dernière, il faisait la promotion de son dernier ouvrage : "Voyage aux Pays du Coton", petit précis de mondialisation. Il est même possible qu'il ait été opposé à ce concept, ses précédentes déclarations ayant laissé transpirer un certain agacement à l'égard de la candidate choisie par le Parti Socialiste. Cependant, ce sont des "mercenaires" de la plume qui sont à présent chargés de donner corps à ces fameuses propositions.

Le trou d'air ayant jeté un vent de panique dans les rangs socialistes, on décide enfin d'appliquer les vieilles recettes de tonton Mitterrand : rassembler son camp au premier tour, incarner un espoir pour la gauche. Retour aux vieilles recettes éprouvées. Virage à gauche toute. Fabius et Mélenchon doivent s'arracher leurs derniers cheveux. C'est précisément dans ce sens qu'ils œuvraient depuis deux ans.

Du côté de Sarkozy, on a assisté également à un important virage sémantique depuis l'arrivée d'Henri Guaino dans l'équipe du candidat UMP. Cet ancien chargé de mission auprès de Philippe Séguin, souverainiste, a finalement rejoint la maison-mère du Gaullisme après un détour par le RPF. Celui-ci ayant perdu toute chance de parvenir à ses fins politiques, Guaino s'est laissé récupérer par Sarkozy. Il apporte un souffle bonapartiste aux discours du candidat de droite, jusque là plus proche de Ronald Reagan et Margaret Thatcher que de Charles De Gaulle ou André Malraux.

L'équipe des "plumitifs" de Sarkozy s'est constituée autour d'Emmanuelle Mignon, diplômée de l'ESSEC et énarque, avec les publicitaires Jean-Michel Goudard (le "G" d'Euro RSCG) et François de la Brosse, publicitaire amené par Cécilia. Ceci signifierait-il qu'il est plus facile de vendre Sarkozy comme un produit politique, par des hommes de communication, que par des "politiques" ? L'arrivée de Guaino a apporté un souffle républicain, plus politique, qui habille le candidat d'un costume présidentiel plus présentable. Seul, répétant à voix basse le discours de son champion lors du discours de la Porte de Versailles, il a compris qu'on ne gagnait pas une élection présidentielle sans incarner une certaine idée de la France. La population refusant massivement le libéralisme économique cher au cœur de Sarkozy, il ne reste que la Nation, le patriotisme et la protection des plus faibles pour réunir les électeurs autour du candidat. Une chose est certaine : les mots que prononcent actuellement Nicolas Sarkozy ne lui viennent pas du cœur, mais plutôt du prompteur. En cas de victoire, Guaino relativise son rôle par avance. Il sait que seul le résultat compte, au-delà de ses idées.

Reste François Bayrou. On l'a vu récemment s'exprimer devant les cadres de son parti. Son discours, griffonné à la main sur une feuille colorée était posé sur son pupitre. Il improvisait visiblement la plus grande partie de son intervention, ne prenant que des repères sur ses notes. Il est vrai que Bayrou est le seul "littéraire" des candidats. Agrégé en lettres classiques, il a même été la "plume" de Jean Lecanuet, ancien candidat à la Présidentielle en 1965, à l'époque où Laurent Fabius écrivait pour Mitterrand et Alain Juppé pour Chirac. On ne trouve pas trace d'écrivains appelés en renfort pour aider le candidat centriste. La seule figure notable de son entourage liée aux médias est Jean-Marie Cavada, l'ancien présentateur et président de Radio-France. Rien n'indique que celui-ci rédige la moindre ligne pour son candidat. Ce n'est certainement pas Nicolas Perruchot, maire de Blois, ni Charles de Courson, député de la Marne, qui pourraient  remplir ce rôle, même s'ils participent activement à la campagne du candidat centriste.

Bayrou a créé des cercles de réflexion, avec Hervé Morin et Marielle de Sarnez, notamment, pour réfléchir au contenu de ses propositions, mais c'est lui qui tranche, décide et s'exprime. C'est donc le seul des trois premiers candidats (selon les sondages) dont on est sûr, en l'écoutant, qu'il exprime des idées personnelles. Ceci peut-il faire la différence ? Sans doute pas, mais saluons le talent du candidat, toujours différent des autres.

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Commentaires
K
Terrible article, comme tous tes autres sur ce site, mais quel est donc ton secret ? ;)
S
A la moindre baisse de Ségolène Royal dans les sondages, les média nationaux se demandent insidieusement si elle va tenir. Car ce qu’à fait la presse people, l’autre presse est prête à le défaire. Ca va être dur pour Ségolène. Evidemment un désintérêt de l’opinion envers Ségolène rendrait plus facile la victoire annoncée de Nicolas Sarkozy. Dès lors plus besoin de voter nécessairement Sarkozy pour faire barrage à la gauche. Dès lors on peut sans risque voter pour Philippe De Villiers. Comprenant à leur tour tout le parti, sans jeu de mot, à tirer de cette situation nouvelle, Taubira, Chevènement, et même Jospin, annoncent leur candidature, et obtiennent en quelques jours les parrainages nécessaires. Le premier tour voit Philippe De Villiers arriver en tête.<br /> Bien sur il s’agit d’une pure fiction. Toute ressemblance avec une situation ayant déjà existée est fortuite bien que nous ayons conservé les noms de certains protagonistes.<br /> <br /> La réalité dépasse la fiction, dit le dicton. Un humoriste imitateur téléphone à la candidate officielle du parti socialiste en se faisant passer pour un important homme politique étranger. Aussitôt la candidate officielle du parti socialiste se laisse aller à des confidences sans prendre la précaution élémentaire de faire vérifier l’identité de son interlocuteur. Il ne fait pas bon confier un secret à cette candidate officielle du parti socialiste là !
anima persa
  • Les "âmes perdues" de notre époque errent dans nos villes, nos campagnes, à la recherche d'un but, d'une lueur, d'un espoir. Perdus dans la grisaille, ils aimeraient trouver une main secourable. C'est ce que je propose de faire.
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