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anima persa
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4 mai 2007

QUE LE PLUS MEDIOCRE GAGNE

Voilà, nous y sommes ! Le débat a eu lieu et chacun s’est fait une opinion définitive sur le candidat de son choix. Et pourtant, cette campagne laisse un goût amer. Celui d’un affrontement stérile, annoncé et organisé par les médias, pour les médias et avec les médias uniquement. Mais où est passé le peuple ?

 

Quel que soit le résultat final de ces élections, le débat tant attendu entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy n’aura finalement démontré qu’une seule chose : la relative médiocrité des deux candidats.

Je ne reprendrai pas toutes les erreurs commises par l’un et l’autre durant celui-ci. Qu’il s’agisse du nucléaire, ou d’autres thèmes abordés de façon approximative, on aura surtout été frappé par le niveau très faible des deux débateurs. Il suffit de comparer les vidéos des débats précédents pour être frappé par la nullité de celui-ci. Dans un français approximatif et une rhétorique usée à l’extrême, Sarkozy propose toujours une vision caricaturale de la France. Travailler plus pour gagner plus. Aimer la France. Un état fort pour rétablir l’ordre.
De son côté, Ségolène continue à se prendre les pieds dans le tapis du financement des mesures qu’elle propose, balbutie quelques grands principes. L’ordre juste. La démocratie participative. La défense des femmes.

On n’a pas entendu ces deux-là briller, user d’arguments pertinents ou parvenir à convaincre les auditeurs. Et c’est bien le problème fondamental de cette campagne médiatique interminable. Depuis le jour où Sarkozy a admis y penser, "pas seulement en se rasant", et que Ségolène Royal a fait la "une" du Nouvel-Obs, "si c’était elle", tout est dit. Les médias ont choisi leur duel et nous l’ont imposé coûte que coûte.

Pour éviter tout risque de dérapage, effacer le 21 avril de nos mémoires, il fallait à tout prix renouveler la classe politique française, chasser les éléphants, tourner la page, offrir une image "moderne" de notre démocratie.

Lui, le fils d’immigré à moitié juif et hongrois, mais radicalement de droite et ultralibéral. Le Rastignac de la politique française. Yago tapi dans le sillage de Pasqua, Chirac et Balladur. Iznogoud enfin devenu Pacha à la place du Pacha. Il est le portrait, caricatural jusqu’à l’extrême, de la "génération Chirac". C’est toute la philosophie d’Occident qui arrive au pouvoir avec lui et Patrick Devedjan. Anti-68ard, briseur de grève, anti-communiste primaire, candidat du capitalisme français, thatchérien et reaganien par conviction . Il sait que la France résistera à toutes les mesures qu’il prendra. Il a déjà renoncé à abroger les 35 heures par réalisme politique. Mais il ne lâche pas son affaire. Il veut supprimer le chômage comme on supprime un chancre. Il suffit de déclarer que le fait de ne pas travailler est illégal pour obliger ces fainéants de chômeurs à accepter n’importe quel boulot. Il faut forcer la France à devenir un pays anglo-saxon, où le rendement de toutes les administrations doit pouvoir générer un bénéfice au même titre qu’une entreprise privée. La seule solution pour y parvenir : rendre les heures supplémentaires obligatoires pour que les Français consomment plus, payent plus d’impôts et ne perdent pas leur précieux temps en vaines RTT.

Elle, la fille de droite autoritaire, devenue gauchiste et féministe, socialiste de conviction ou de profession, Madone des médias, Jeanne d’Arc du XXIème siècle. Elle veut être la fille de Mitterrand, l’héritière de Blum et de toute l’histoire de la gauche. Confusément, on sait qu’elle ne connaît rien aux entreprises. Toute sa vie, elle l’a passée dans les cabinets ministériels, cumulant les mandats et les avantages. C’est l’incarnation même de la tradition jacobine. L’Etat est l’alpha et l’oméga de l’existence. Rien ne se fait sans lui. Rien n’est possible contre lui. La réponse a chaque question est simple : "je veux" parce que "l’Etat, c’est moi". Il n’y a aucune limite aux possibilités fournies par le budget public. Aucune politique impossible. Il suffit de puiser dans la caisse et de régler les problèmes en finançant par la dette.

Mais ni l’un ni l’autre n’offre de réelle perspective. Juste une vieille chanson, entendue des milliers de fois, d’un côté ou de l’autre. Les deux faces d’un vieux 45 tours datant des années 80. ça tombe bien, c’est de nouveau à la mode. Reagan-Thatcher d’un côté. Mitterrand de l’autre.

Pourtant, la pilule est amère. On se dit, en les voyant flotter dans un costume trop grand pour eux, que le casting n’est pas à la hauteur de l’enjeu. Si seulement ce débat avait eu lieu avant le premier tour, peut-être que l’enjeu en aurait été modifié.

TF1, la presse et l’ensemble de l’establishment politico-médiatique en ont jugé autrement. Dehors Bayrou et ses affidés. A la porte les "non-candidats" de l’avant premier tour. Où sont passés les Jospin, Strauss-Kahn ou Fabius qui auraient sans doute élevé un peu ce débat, au moins d’un point de vue technique ? Où est la génération des anciens "quadras" de la droite : Philippe Séguin et les autres, assassinés par leur père spirituel ?

Il ne nous reste que ces deux-là, qui ne donnent vraiment pas envie de voter à ceux qui ne croient plus les vaines promesses ni les arguments creux. Sans doute est-ce un sentiment minoritaire, à l’heure où les deux camps s’enflamment pour leurs candidats respectifs. Méfions-nous pourtant des désillusions prochaines, qui ne tarderont pas à surgir, dans tous les cas de figures possibles.

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Commentaires
A
D'évidence, ce n'est pas la qualité des candidats qui les ont portés là où ils sont mais leur aptitude à projeter un message crédible.<br /> On peut s'inquiéter du niveau de maturité des électeurs mais il est plus juste d' accuser le processus de désignation des candidats au sein des partis.<br /> <br /> Le drame semble être que l'on a deux métiers différents: candidat et président. Une sorte d'impasse démocratique
anima persa
  • Les "âmes perdues" de notre époque errent dans nos villes, nos campagnes, à la recherche d'un but, d'une lueur, d'un espoir. Perdus dans la grisaille, ils aimeraient trouver une main secourable. C'est ce que je propose de faire.
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